Le lundi 18 août 2003, Sœur Lutgarde et Sœur Theresia arrivaient, avec quatre autres Sœurs, au Séminaire de Tournai pour y faire leur demeure. 20 ans après elles se lancent, d’un cœur légèrement partagé, mais comblé, vers un nouveau commencement : durant cet été, elles quitteront le Séminaire pour Bruxelles dans une maison plus adaptée à leur grand âge.

Parlez-nous de vos débuts et de votre vie ici

Sr Theresia : Quand nous sommes arrivées, nous avons trouvé des prêtres très seuls et qui nous ont reçues avec beaucoup d’ouverture. Ils nous ont demandé de nous charger premièrement de la prière, et de prendre à notre charge l’office, la chapelle à propos de la prière, les fleurs, les chants, tout. Ils sont venus tout de suite faire avec nous, tout de suite nous étions une communauté pour prier, la chapelle devenait le centre de la maison. D’autres gens sont venus prier, petit à petit. C’était LE lieu de prière. De la part des jeunes qui logent au Séminaire ou des autres personnes qui y travaillent ou le fréquentent, nous avons reçu une amitié simple qui respecte les opinions des uns et des autres. Des personnes qui s’accueillent mutuellement…

Sr Lutgarde : A mon arrivée, j’ai commencé l’accueil des groupes. Cette ouverture que l’on trouve au Séminaire m’apporte beaucoup, ce n’est pas un Séminaire…fermé (rires), il y a des va-et-vient, on rencontre plein de gens, et cela me fait vivre. Ici les gens reçoivent quelque chose, sans nous rencontrer presque. C’est comme si les murs parlaient, comme dans les monastères !

Il y a aussi la présence des prêtres pour les célébrations, une liturgie belle et nourrissante… J’ai beaucoup aimé cela et ça va me manquer. Vraiment ma foi a grandi ici ! Je suis très triste de partir et de ne plus recevoir tout cela…Maintenant je suis appelée ailleurs, je pense que c’est un nouveau commencement…Quand Jésus dit à Nicodème qu’il faut renaître, nous avons des occasions qui nous sont données : je crois qu’il faut les saisir, même si c’est… dur ! Etre dans cette communauté, au cœur du diocèse : notre présence en paroisse à Tournai fait comme un pont entre la vie paroissiale et le séminaire. Nous recevons aussi de la paroisse, parce que nous allons à la messe dominicale en paroisse. On pourrait dire merci tous les prêtres qui nous ont entourées en paroisse, il n’y a pas que le Séminaire.

Qu’est-ce que vous souhaitez transmettre aux personnes qui restent ici au Séminaire ?

Sr Lutgarde : Qu’il y ait un projet commun, et pour moi cela veut dire un grand projet. Tout le monde a sa part. Créer une grande famille, nous avions mis cela dans notre projet…Que chacun qui est au Séminaire ait à cœur que l’ensemble marche bien et n’ait pas peur de s’engager dans ce sens-là. Construire ensemble. C’est toujours le temps qui manque.

Sr Theresia : Entrer dans le projet de Dieu, c’est un mystère…Quel est le projet de Dieu sur une Maison comme celle-ci ? On me demande quel est le projet sur le jardin…J’ai l’impression que quelque chose est en train de grandir et qu’on n’avait pas du tout prévu. Tant mieux ! C’est « Entre dans l’idée d’une création nouvelle ». C’est assez difficile à dire…et à faire !

Pour nous, cela devient autrefois, mais c’est MAINTENANT. Tant pour la prière que pour l’amitié, pour l’entraide, un projet ensemble, etc. C’est MAINTENANT. Demain ?! Il se suffit à lui-même....

Sr Lutgarde : Une de nos joies, ce sont les personnes qui viennent pour l’adoration…Il y a quelque chose qui les attire, quelqu’un ! C’est vrai, c’est une présence de prière. Le Christ est présent là, dans le Saint Sacrement…

Sr Theresia : Et tout cela va au-delà de nos rêves.

Est-ce que vous avez une petite parole à dire à ceux qui vont lire cette lettre ?

Sr Lutgarde : Que Dieu soit béni pour ces 20 années passées au Séminaire ! Que Dieu soit béni.

Sr Theresia : « Viens et suis-moi » (Mc 10, 21) Il y a des idées, il ne faut pas voir grand tout de suite, il faut savoir cheminer. Un chemin ouvert…

Interview : Oana Lazarescu (accueil Séminaire)